Dilemme éthique enseignante

 

Les situations ci-dessous correspondent à des situations vécues par des enseignants. 

 

 

La différentiation pédagogique :

 

En France, la difficulté scolaire est fortement corrélée avec l’origine sociale (voir les études PISA). Dans ma classe, il y a des élèves qui ont un très bon niveau et qui terminent très vite. Mais, il y a aussi des élèves en difficulté scolaire qui auraient besoin que je passe du temps avec eux pour les aider. Le problème, c’est que lorsque je veux prendre du temps pour les aider, il y a des élèves qui ont terminé et qui me sollicitent. Les élèves qui sont en avance s’ennuient si je ne les « alimentent » pas. Comment géreriez-vous une telle situation en lien avec le principe d’égalité qui constitue une valeur de la République ?

 

a) j’accorde plus de temps aux élèves en difficulté

 

b) je n’accorde pas trop de temps aux élèves en difficulté car il faut également faire progresser les élèves qui ont déjà un bon niveau.

 

 

Une élève a des grosses difficultés. Pour l'aider, je lui donne des travaux plus faciles. Mais je me sens pris dans un dilemme. Je sens qu'en lui donnant des travaux plus faciles, je ne lui donne pas la possibilité d'être au même niveau que les autres. Mais en lui donnant des travaux du même niveau, je crains qu'elle ne parvienne pas à les faire. 

 

Un élève me sollicite tout le temps. Il est très bon élève et très en demande. Mais en même temps, j'ai d'autres élèves qui ont besoin de moi. Je me sens prise dans un dilemme. 

 

Je différencie pour un élève qui a des difficultés. Mais cet élève se sens stigmatisé par la différentiation que je lui propose. Je me sens prise dans un dilemme. 

 

 

Une question de comportements:

 

Dans ma classe, j'ai quelques élèves garçons qui me posent des problèmes de gestion de classe. Pour mieux réussir à gérer la classe, je leur accorde plus d'attention. Pourtant, je sens bien qu'en même temps, cela n'est pas très juste car je suis moins présente pour des élèves qui ont plus besoin de moi. Je me sens prise dans un dilemme.

 

Dans ma classe certains élèves participent souvent. Mais total, j'ai du mal à interroger d'autres élèves qui sont moins participatifs. Mais lorsque je les interroge, je sens qu'ils n'ont pas trop envie de participer. Je me sens prise un dilemme.

 

Lorsque j'interroge à l'oral un élève en difficulté, il prend beaucoup de temps à répondre. Total, j'ai plus de mal à gérer ma classe. Je ne lui laisse souvent donc pas le temps de répondre. Mais, je sens que je suis prise dans un dilemme.

 

Dans ma classe, un élève me pose toujours des questions qui sont intellectuellement intéressantes, mais en dehors du cours et du programme. Lorsque j'essaie de lui répondre, je perds une partie des autres élèves et je n'avance pas le programme. Mais en même temps, j'ai peur de frustrer sa curiosité intellectuelle. 

 

La religion et l'école:

 

Un élève est témoin de Jéovah. Ses parents m'ont prévenus qu'il ne veulent pas que leur enfant assiste à des anniversaires ou des fêtes. Un élève de la classe souhaite apporter un gâteau d'anniversaire et fêter son anniversaire en classe.

 

a) Dois-je le laisser fêter son anniversaire mais au risque d'exclure un élève

 

b) Dois-je refuser l'anniversaire, mais au risque de priver tous les enfants de ce moment de convivialité.

 

Une situation de maltraitance: 

 

Un-e élève me fait part d'une situation de maltraitance. Mais elle me demande de ne pas le révéler à qui que ce soit. Dois-je le dire au risque de perdre la confiance de l'élève ?

 

 

Un élève a souvent un comportement indiscipliné. Les enseignants soupçonnent que ses parents le frappe lorsqu'il ramène des mots à la maison. Doivent-ils éviter de mettre des mots dans le cahier pour éviter que l'enfant ne soit puni ?

 

Une situation entre collègues: 

 

Les collègues font des remarques que je désapprouve sur des élèves. Je les trouves discriminatoires. Dois-je leur dire au risque de me fâcher avec eux ?

 

En tant qu’enseignant, je me suis rendu compte qu’un autre enseignant avait pris une décision injuste ayant un impact sur un des enseignants de l’école. L’équipe enseignante était déjà secouée : l’année avait été difficile, de nombreux événements graves s’étaient produits. Je craignais que le dévoilement de la situation ne serve qu’à faire davantage de vagues. Devais-je demeurer fidèle à l’équipe enseignante et ne pas mentionner la situation ou risquer de provoquer d’autres conflits avec l’équipe enseignante afin de venir en aide à l’enseignant traité de façon injuste?

(Situation adaptée de l'ordre des enseignants de l'Ontario) 

 

Une question de culture

 

 

Face au comportement étonnant d'un élève nouvellement arrivé en France, je ne sais pas comment l'analyser; Dois-je l'analyser comme une différence culturelle et éviter l'ethnocentrisme. Ou dois-je éviter la grille de lecture culturaliste car je risque de l'enfermer dans une identité culturelle.

 

Dans ma classe de maternelle, j'ai des élèves allophones. Dois-je chercher à communiquer avec eux dans leur langue. Est-ce que cela ne risque pas de retarder leur apprentissage du français. Ou dois-je partir du principe que nous sommes dans l'école de la République française et que je dois uniquement parler français.

 

Une question d'évaluation

 

Une élève fait des efforts, mais ne comprends souvent pas les exercices demandés. Dois-je avant tout évaluer ses efforts ou sa performance ?

 

 

 

Les devoirs:

 

Certains parents de CM2 viennent me voir et me reprochent de ne pas donner de devoir écrit. Je leur dis que j'applique la circulaire de 1956. Ils ne sont pas contents et me demandent de donner des devoirs écrit à leurs enfants pour mieux les préparer au collège. Je me sens pris entre deux contraintes opposées. Cela d'autant plus que dans ma classe, il y a aussi des élèves qui ont des parents qui ne peuvent pas les aider en dehors de cours. 

 

Le football:

 

A l'école, les garçons ne veulent pas jouer au foot avec les filles. Et lorsque je fais des équipes mixtes, les filles ne touchent pas la balle. Je me sens prise dans un dilemme.

 

Les coins jeux:

 

 

En maternelle, certaines filles vont toujours dans le coin poupée et certains garçons dans le coin construction. Je me sens prise entre deux valeurs opposées. Dois-je lutter contre les stéréotypes ? Ou dois-je respecter ce qui est peut-être après tout des choix personnels ? 

 

Valeurs pédagogiques:

 

 

J'ai des élèves qui ont un niveau faible. J'ai l'impression que l'école les fait souffrir. Je me demande si je ne dois pas chercher avant tout leur bien-être plutôt que de chercher absolument à leur transmettre des connaissances. 

 

J'aimerai organiser ma classe de manière plus démocratique. Mais j'ai l'impression que si je ne fais pas preuve de plus d'autorité, je ne peux pas réussir à gérer ma classe. Je me sens prise entre mon idéal pédagogique et la réalité de l'attitude des élèves.

 

Mettre les élèves en recherche me semble préférable pour qu'ils développent des qualités de réflexion. Mais en même temps, lorsque je fais de l'instruction directe, j'ai l'impression que c'est plus efficace au moins à court terme.

 

Je souhaite m'appuyer sur les intérêts de mes élèves et le jeu pour développer des contenus pédagogiques. Mais ce faisant, est-ce que ce n'est pas une illusion dans la mesure où ils ont également besoin d'apprendre le sens de l'effort ?

 

Je me demande s'il est si important que cela encore aujourd'hui que les élèves acquiert des connaissances. Est-ce qu'ils ne vaut mieux pas qu'ils apprennent à apprendre ?

 

 

 

 

 

Partagez votre site

Site Internet Socio-philo

 

Animé par Irène Pereira

 

 

 

Professeur des Universités.

Philosophie et éthique

Sciences de l'éducation.