Enjeux de la formation initiale des enseignants du premier degrè

 

 

Quels sont les enjeux de la formation initiale des enseignants dans le premier degré ?

 

La reproduction des inégalités sociales dans le premier degré

 

Les études scientifiques montrent que l’inégalité scolaire est déjà présente dès la maternelle. En particulier, le niveau de vocabulaire des élèves avant l’entrée en cours préparatoire indique déjà de fortes inégalités sociales. En outre, les stéréotypes de genre et leur reproduction se construisent dès l’école maternelle.

 

En ce qui concerne l’école primaire, on sait que les difficultés scolaires en élémentaire sont prédictives de la réussite scolaire ultérieure des élèves. Les élèves ayant par exemple redoublé une classe en primaire, en particulier le CP, ont une probabilité très forte d’être en échec scolaire par la suite.

 

L’enseignant dans le premier degré a donc le rôle de repérer les difficultés scolaires précoces et d’aider à y remédier par une pédagogie adaptée.

 

Les finalités générales de l’éducation que vise la formation initiale des enseignants

 

La formation initiale des enseignants vise un certain nombre de finalités:

  • la lutte contre la reproduction des inégalités sociales (économiques et de genre)

  • l’acquisition de méthodes d’apprentissage, de savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter), de connaissances d’une culture commune .

  • le développement des qualités d’expression orale et écrite

  • la formation à l’esprit critique citoyen et l’ouverture sur le monde

  • l’épanouissement de l’intégralité de la personnalité de l’enfant (de ses aptitudes intellectuelles, physiques, sportives, artistiques, relationnelles...)

 

 

L’intérêt d’apports théoriques dans la formation initiale des enseignants

 

Les apports théoriques visent à sensibiliser le futur enseignant à un certain nombre de problématiques dont il peut ne pas avoir conscience concernant par exemple la reproduction des inégalités sociales ou/et les élèves à besoins spécifiques.

 

Bien souvent les enseignants stagiaires surévaluent les savoirs d'expérience. Tout d'abord, parce que les pratiques actuelles de bien des enseignants contribuent à renforcer les inégalités sociales, alors qu'il s'agit de les remettre en question.

 

Ensuite, parce que l'expérience apporte un savoir d'autant plus riche qu'elle est abordée avec des hypothèses théoriques et une réflexivité sur les effets de la pratique. C'est de fait l'enseignant qui a le bagage théorique le plus riche qui est le mieux à même de pouvoir tirer le plus d'éléments de sa pratique.

 

Mais l’enseignant stagiaire, pour que ces apports soient efficaces, doit être sensibilisé au fait qu’ils doivent être mis en lien avec deux autres dimensions de son activité: le contexte éducatif dans lequel il exerce et les finalités qu’il donne à son action éducative.

 

Les apports scientifiques servent à élaborer des hypothèses d’action qui doivent être adaptées par l’enseignant au contexte d’enseignement dans lequel il exerce. Cela suppose donc que l'enseignant apprenne à transférer en distinguant la surface la situation-problème de sa structure. 

 

Il lui est donc demandé de faire preuve d’innovation et de pragmatisme. Il ne peut s’agir d’appliquer des recettes toutes faites, mais d’être dans une démarche expérimentale de recherche qui conduit à réviser ses hypothèses pour améliorer sa pratique relativement au contexte et aux finalités de l’action éducative.

 

Cette démarche d’innovation et d’expérimentation est rendue nécessaire par l’évolution rapide que connaissent les contextes d’enseignement dans une société soumise à de rapides changements sociaux. Cette situation suppose que le futur enseignant soit en capacité de faire évoluer sa pratique professionnelle tout au long de son existence en tenant compte de l’avancée des recherches scientifiques et de l’évolution du contexte social. Si les enseignants ne sont pas capables d'innover dans leurs pratiques pédagogiques en accord avec la recherche, ils risquent de se trouver reléguer à une situation de techniciens contraints d'appliquer des méthodes pédagogiques conçues par la recherche.

 

Bien souvent les enseignants stagiaires éprouvent des difficultés à saisir l'intérêt et le sens de formation théorique. Cela est inquiétant car cela dénote une difficulté à donner du sens aux apprentissages. Or un enseignant stagiaire qui n'est pas en mesure de donner du sens aux connaissances acquises durant sa formation n'est pas bien armé pour donner aider les élèves à construire du sens autour des connaissances qu'ils doivent acquérir.

 

Cette difficulté a donner du sens est souvent également à mettre en lien avec une difficulté à transférer des connaissances théoriques pour améliorer leur pratique. 

 

Conclusion:

La formation initiale des enseignants vise à la constitution de pédagogues chercheurs. Une telle approche suppose donc une démarche de recherche appliquée. Elle implique des apports théoriques. Ceux-ci servent à l’enseignant stagiaire à formuler ses hypothèses d’action. Celles-ci doivent être adaptées en fonction des observations effectuées sur le terrain où s’exerce le métier. Les hypothèses expérimentées doivent être ensuite validées ou rectifiées en fonction des résultats obtenus dans la pratique.

 

L'enseignement de la philosophie à l'épreuve des sciences de l'éducation
Cet article a pour objectif de montrer l'intérêt du transfert de connaissances scientifiques dans la pratiques professionnelle de l'enseignant.
Article Diotime Sciences de l'éducation.
Document Adobe Acrobat 158.2 KB

Écrire commentaire

Commentaires: 0

Partagez votre site

Site Internet Socio-philo

 

Animé par Irène Pereira

 

 

 

Professeur des Universités.

Philosophie et éthique

Sciences de l'éducation.